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Activités pédagogiques pour le lycée

Edmond Caillard, un résistant calédonien
pendant la seconde guerre mondiale

Pré-requis pour aborder cette séance

  • Connaître les dates de début et de fin de la Seconde Guerre mondiale ;
  • Connaître les principales phases de la guerre ;
  • Connaître les belligérants (Axe, Alliés) ;
  • Connaître la défaite de la France en 1940 et les engagements du maréchal Pétain et du général de Gaulle face à la défaite ;
  • Connaître l’implication des États-Unis dans la guerre à partir de 1941.

Des activités modulables au choix

Ces activités ont pour objectif d’aborder la Résistance au travers du parcours du Résistant calédonien Edmond Caillard.

Vous sont proposées pour votre séance :

1. Une activité d’entrée dans la séance ;

2. Deux activités modulables au choix :

     2.1. Pourquoi devenir Résistant ?

     2.2. Les actes de résistance d’Edmond Caillard

3. Une activité finale de réponse à la question du jour.

1. Activité d'entrée dans la séance

Edmond Caillard, un résistant calédonien

Objectifs de cette activité

  • Compléter une fiche d’identité d’Edmond Caillard ;
  • Formuler la question du jour. Exemples :

Quel a été le rôle d’Edmond Caillard dans la Résistance ? Quelles sont les caractéristiques de l’engagement d’Edmond Caillard dans la Résistance ? Comment Edmond Caillard a-t-il résisté ?

Document 1
Edmond Caillard pendant la Seconde Guerre mondiale (1945)

Document 2
La vie d'Edmond Caillard jusqu'au début de la Seconde Guerre mondiale

Mon père est né le 5 avril 1912 à Nouméa. Il y fait ses études jusqu’au baccalauréat qu’il obtient en 1928. Ensuite, il part en France pour étudier la médecine. Il obtient son diplôme au mois de juin 1939, deux mois avant le début de la Seconde Guerre mondiale. Il est mobilisé le 3 septembre 1939 puis rejoint une caserne près de Paris pour assurer la défense de la capitale. Jusqu’au mois d’avril 1940, il ne se passe rien. En revanche, au mois de mai 1940, les Allemands attaquent et, en quelques semaines, ils envahissent une grande partie de la France jusqu’à la signature de l’armistice par le Maréchal Pétain. Comme beaucoup d’autres soldats français, mon père a été fait prisonnier par les Allemands. Les prisonniers étaient convoyés vers l’Allemagne, souvent à pied. Edmond a profité d’un arrêt dans un village pour s’évader avec un copain et ils sont partis en zone libre. Après avoir été démobilisé, mon père a décidé de revenir s’installer en zone occupée avec sa famille et il a exercé la profession de médecin à Saint-Just-en-Chaussée (département de l’Oise). En 1942, Edmond a rejoint la Résistance.

Témoignage de Jean-Paul Caillard, fils d’Edmond Caillard

recueilli à Nouméa le 3 août 2015 par le CDP-NC

La vidéo pour en savoir plus

Au choix : 2 mises en activité sur les documents 1 et 2

Mise en activité n°1

Fiche d'identité à compléter par les élèves

Edmond Caillard, un calédonien dans la guerre
Date de naissance
Lieu de naissance
Profession
Qu'arrive-t-il à Edmond en 1939-1940 ?
(relever 4 évènements dans le texte)
1.
2.
3.
4.
Date d'entrée dans la Résistance

Mise en activité n°2

Questions sur les documents 1 et 2

1. Présenter Edmond Caillard.

2. Où est-il et que fait-il au début de la Seconde Guerre mondiale ?

3. Que devient Edmond Caillard après la signature de l’armistice en 1940 ?

4. Que signifie la phrase « En 1942, Edmond Caillard a rejoint la Résistance » ?

2. Deux activités modulables au choix

2.1. Pourquoi devenir résistant ?

Objectifs de cette activité

  • Comprendre les raisons multiples poussant de plus en plus de Français à entrer dans la Résistance entre 1940 et 1944.
  • Comprendre les formes multiples de Résistance : actions individuelles ou entrée dans un réseau de Résistance.

Document 3a
Analyse de Stéphane Minvielle
pourquoi s'engager dans la résistance ?

Document 3b
Analyse de Stéphane Minvielle
la résistance : naissance et développement

Document 3c
Témoignage de Jean-Paul Caillard
Edmond Caillard, médecin résistant

Mise en activité sur les documents 3a, 3b et 3c

Questions sur les documents

1. Quelles raisons poussent des Français à entrer dans la Résistance contre l’occupant nazi ?

2. Comment évolue le nombre de résistants entre 1940 et 1944 ?

3. Comment Edmond Caillard s’engage-t-il dans la Résistance ?

2.2. Les actes de résistance d'Edmond Caillard

Objectifs de cette activité

Selon le niveau de classe et celui des élèves, choisir un, deux ou trois des documents ci-dessous (voire des extraits de chacun d’eux) pour travailler sur les actes de Résistance d’Edmond Caillard.

  • Identifier la variété des actes de Résistance (assistance aux Alliés, renseignement, sabotage, …) ;
  • Analyser les risques liés à l’entrée en Résistance (clandestinité, représailles des Allemands, …) ;
  • Nommer les qualités morales des résistants.

Document 4
Les actes de résistance d'Edmond Caillard

Mon père est rentré dans la Résistance après s’être installé à Saint-Just-en-Chaussée. À partir de 1942, il a eu des contacts avec la Résistance. C’est en 1943 qu’il a été opérationnel dans un réseau qui était chargé de ramener les aviateurs britanniques et américains tombés sur le sol français. Il faut savoir que ces aviateurs avaient des qualités exceptionnelles et qu’ils étaient très précieux pour l’armée. Il fallait les ramener en priorité. Les paysans appelaient mon père sous un faux prétexte pour qu’il aille récupérer chez eux un ou plusieurs aviateurs. Il venait le soir pour les soigner et il les évacuait en les mettant dans le coffre de sa voiture. Pour passer inaperçu, il avait deux voitures identiques. Il en laissait une devant la maison familiale pendant qu’il  était en train de transporter des soldats alliés avec l’autre. Il les soignait, il les déguisait un peu pour qu’ils passent inaperçus sur le chemin du retour en Angleterre. Ma mère aussi prenait des risques, car elle les amenait en train sur Paris. Les Allemands surveillaient les gares et arrêtaient tous ceux qui avaient une allure un peu suspecte. Il fallait donc avoir des faux-papiers. Une fois arrivés à Paris, les aviateurs étaient pris en charge par d’autres résistants qui les ramenaient en Angleterre. Tout cela était très dangereux. Certains paysans ont été dénoncés par leurs voisins et il y en a certains qui sont morts. À Saint-Just-en-Chaussée, vingt personnes ont été arrêtées par les Allemands et dix-sept ne sont jamais revenues. Une fois, mon père s’est fait arrêter par les Allemands alors qu’il avait un soldat américain toujours en uniforme à l’arrière de la voiture. Pour sauver sa vie, il a été obligé de le livrer à l’occupant. Ça a été une grosse frayeur et il a eu de la chance, mais il fallait faire attention.

Témoignage de Jean-Paul Caillard, fils d’Edmond Caillard

recueilli à Nouméa le 3 août 2015 par le CDP-NC

Document 5
Citation d'Edmond Caillard pour la medal of freedom, décoration militaire créée en 1945 et qui lui est accordée par le président des États-Unis en 1947

Edmond Caillard, citoyen français, pour l’accomplis-sement particulièrement méritoire qui a aidé les États-Unis dans la poursuite de la guerre contre l’ennemi en Europe continentale de juin 1943 à février 1944. Il s’est distingué par son grand courage, son ingéniosité et sa détermination dans l’accomplissement de missions dangereuses. Ignorant complètement sa sécurité personnelle, il a directement contribué à l’évasion de 87 aviateurs alliés en les transportant, en leur donnant un abri et des soins médicaux.

Son dévouement désintéressé à la cause alliée a contribué matériellement à la réussite de l’effort de guerre, méritant ainsi la louange et la reconnaissance des États-Unis.

Document 6
Citation d'Edmond Caillard pour la King's medal of courage in the cause of freedom
décernée par le roi du Royaume-Uni à la fin de la guerre

Le docteur Edmond Caillard s’est porté volontaire en septembre 1944 pour aider des membres du Special Air Service (SAS) en opération derrière les lignes allemandes dans la région de Saint-Just, dans leur recherche d’informations.

Témoignage d’un officier SAS : « Il a même fourni à l’officier SAS en charge de la mission l’ordre de bataille complet de l’armée allemande dans la Somme. Un jour, en opération, il a croisé un haut-officier allemand dirigeant le trafic militaire à un carrefour. Le Dr. Caillard le surveilla et, lorsque l’officier entra dans un café situé à proximité pour déjeuner, il le suivit. Pendant le déjeuner, il réussit à copier l’ordre de bataille sur la carte que l’officier allemand avait posée à côté de lui. S’il avait été pris en faisant cela, il aurait certainement été tué pour espionnage. Son sang-froid, son audace, et son mépris du danger fut remarquable. Il a ensuite transporté le document compromettant à travers une région massivement infestée d’Allemands et il l’a livré au SAS pour transmission en Angleterre. L’ordre de bataille s’est révélé correct dans les moindres détails, et un message de remerciements et de félicitations a été envoyé à partir du H.Q. (Head Quarter) 21e groupe d’armées.

Les vidéos pour en savoir plus

Au choix : 2 mises en activités sur les documents 4, 5 et 6

Mise en activité n°1

Compléter un tableau permettant de synthétiser les informations contenues dans
les documents 4, 5 et 6

Actes de Résistance d'Edmond Caillard
Les riques pris par Edmond Caillard en s'engageant dans la Résistance
Les qualités morales du résistant Edmond Caillard

Mise en activité n°2

Questions sur les documents 4, 5 et 6

1. Quels sont les deux principaux actes de Résistance accomplis par Edmond Caillard d’après les trois textes ?

2. Pourquoi résister est-il un engagement dangereux ?

3. Que fait Edmond Caillard pour ne pas se faire prendre par les Allemands ?

4. Quelles sont les qualités morales du résistant Edmond Caillard d’après les trois textes ?

3. Activité finale : réponse à la question du jour et trace écrite

Objectifs de cette activité

Formuler par écrit ou à l’oral une réponse à la question du jour en synthétisant les informations tirées de l’analyse des documents.

Il est possible de guider le travail des élèves en leur donnant le sujet suivant :

À l’aide des informations tirées des documents, décrire et expliquer l’engagement d’Edmond Caillard dans la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale.

Sylvain Gargon, un résistant et déporté calédonien
pendant la seconde guerre mondiale

Pré-requis pour aborder cette séance

  • Connaître les dates de début et de fin de la Seconde Guerre mondiale ;
  • Connaître les principales phases de la guerre ;
  • Connaître les belligérants (Axe, Alliés) ;
  • Connaître la défaite de la France en 1940 et les engagements du maréchal Pétain et du général de Gaulle face à la défaite ;
  • Connaître l’implication des États-Unis dans la guerre à partir de 1941.

Des activités modulables au choix

Ces activités ont pour objectif d’aborder la Résistance et la déportation au travers du parcours du Résistant et déporté  calédonien Sylvain Gargon.

Vous sont proposées pour votre séance :

1. Une activité d’entrée dans la séance ;

2. Trois activités modulables au choix :

      2.1. Pourquoi devenir résistant ?

      2.2. Les actes de résistance de Sylvain Gargon

      2.3. Sylvain Gargon durant sa déportation

3. Une activité finale de réponse à la question du jour et trace écrite.

1. Activité d'entrée dans la séance

Sylvain Gargon, un résistant et déporté calédonien

Objectifs de cette activité

  • Formuler la question du jour. Exemples :

Quel rôle a joué Sylvain Gargon dans la Seconde Guerre mondiale ? Qu’est-ce qu’un déporté résistant ? Comment l’engagement de Sylvain Gargon dans la Résistance a fait de lui un déporté ?

Document 1
Carte de déporté résistant délivrée en 1952 à Sylvain Gargon

Les vidéos pour en savoir plus

Mise en activité sur le document n°1

Questions sur le document

1. Définir la nature du document et identifier l’institution qui l’a délivré.

2. Présenter Sylvain Gargon à partir des informations contenues dans le document.

3. Qu’est-ce qu’un résistant ?

4. Qu’est-ce qu’un déporté ?

5. Pendant combien de temps Sylvain Gargon a-t-il subi la déportation ?

2. Trois activités modulables au choix

2.1. Pourquoi devenir résistant ?

Objectifs de cette activité

  • Comprendre les raisons multiples poussant de plus en plus de Français à entrer dans la Résistance entre 1940 et 1944 ;
  • Comprendre les formes multiples de Résistance : actions individuelles ou entrée dans un réseau de Résistance.

Document 3a
Analyse de Stéphane Minvielle
pourquoi s'engager dans la résistance ?

Document 3b
Analyse de Stéphane Minvielle
la résistance : naissance et développement

Document 3c
Analyse d'Ismet Kurtovitch et de Stéphane Minvielle : les résistants calédoniens

Document 3d
Sylvain Gargon retrace son entrée dans la Résistance

Mise en activité sur les documents 3a, 3b, 3c et 3d

Questions sur les documents

1. Quelles raisons poussent des Français à entrer dans la Résistance contre l’occupant nazi ?

2. Comment évolue le nombre de résistants entre 1940 et 1944 ?

3. Comment Sylvain Gargon s’engage-t-il dans la Résistance ?

2.2. Les actes de résistance de Sylvain Gargon

Objectifs de cette activité

  • Comprendre le fonctionnement de la Résistance et la place de Sylvain Gargon en son sein ;
  • Identifier et nommer les actes de résistance de Sylvain Gargon ;
  • Analyser les risques encourus par les résistants.

Document 4
Extraits de la lettre de Sylvain Gargon du 25 août 1952 racontant son implication dans la résistance

Je soussigné, GARGON Sylvain, alias « Sylvain », magistrat, déclare avoir pris part à la Résistance française dans les conditions suivantes :

En janvier 1941, alors que j’étais étudiant en droit, je fus contacté par mon camarade PAILLARD, pour rentrer au mouvement de résistance « Combat » dont le chef régional était Max JUVENAL alias « MAYENCE ». À partir de cette date, mon activité à « COMBAT » consista à diffuser le journal « Combat » dans les Facultés de droit et de Lettres d’Aix-en-Provence, de distribuer avec PAILLARD, FIESCHI, LOUSTAUNNEAU, QUILLICCHI, des tracts en faveur de la Résistance. Je servais aussi de « boîte à lettres » pour le courrier destiné à MAYENCE. Au début de 1942, je fis la connaissance du Capitaine RIOUFOL, officier instructeur à l’école de Saint-Cyr alors repliée à Aix-en-Provence. Cet ardent patriote, cherchait des officiers de réserve à l’effet de constituer des cours de Préparation militaire clandestine. Comme j’étais sorti Aspirant de St-Maixent, je lui offris mes services sans quitter « Combat ». Je contactais de nombreux camarades qui cherchaient à servir la France par tous les moyens. Je pus donner des cours de préparation militaire dans l’Hôtel que notre camarade QUILLICCHI mit à notre disposition, Rue de l’opéra.

De nombreux camarades de « Combat » assistaient à ces cours tels que : FIESCHI, LOUSTAUNNEAU, les frères BARA, PAILLARD, RENAUD. Nous pûmes même faire des exercices  d’entraînement dans la campagne de Tholonet.

En septembre 1942, par suite d’une indiscrétion d’un marchand de journaux à qui nous avions remis des numéros de   « Combat », je fus arrêté avec mon camarade PAILLARD sous l’inculpation de menées gaullistes. Max JUVENAL que nous avions choisi comme avocat, réussit à obtenir notre mise en liberté provisoire.

Au mois de novembre 1942, je suivis avec FIESCHI, des cours d’explosifs (Plastic) et d’armement (mitraillette Thompson), avec mission d’avoir à notre tour à instruire les camarades étudiants que j’avais réunis autour de moi, ce que je fis avec la complicité du Capitaine RIOUFOL.

Au début de 1943, alors que les instructions concernant le débarquement arrivaient à « Combat », je fus chargé avec FIESCHI, de relever les terrains de parachutage. Nous délimitâtes ainsi des terrains dans la région de Loumarin, Pertuis, Cadenet, relevant aussi les ponts, routes, tunnels, voies ferrées susceptibles d’être entravés pour retarder le repli ennemi.

Au mois de février 1943, alors que j’étais recherché par la Gestapo et que je devais passer en jugement le 18 février pour l’affaire de septembre 1942, je fus chargé de convoyer un groupe de résistants qui devaient regagner l’Angleterre par avion. Des documents intéressant toute l’organisation de la résistance aixoise me furent remis pour les communiquer à l’État-Major de DE GAULLE à Londres. Malheureusement, un traître à la solde de la Gestapo, le nommé THERREY, âme damnée du traître POITEVIN (condamné à mort par le tribunal de Lyon pour trahison), nous dénonça à la Gestapo. Je fus arrêté en gare de Nîmes avec mes camarades ANGENOT (fils du général ANGENOT de l’État-Major de DE GAULLE) mort des suites de sa déportation, le lieutenant STIENNE, officier d’active de Saint-Cyr (déporté), l’aspirant d’active CALLIE (mort en déportation).

Enfermé dans une camionnette, je pus, avec mes camarades, détruire les documents qui m’avaient été remis. Je fus mis en cellule à la Prison des Minimes à Montpellier. Je subis de nombreux interrogatoires de la Gestapo à la « Villa des Rosiers » où je fus à plusieurs reprises assommé à coups de chaise pour ne point vouloir parler.

Le 19 février 1943, quoique sérieusement blessé, je fus expédié au Camp de Compiègne où je restais jusqu’au 16 septembre 1943, date à laquelle je fus déporté successivement à Buchenwald, Dora, Ravensbruck et Malchow où les Américains me délivrèrent au mois de mai 1945. Je fus rapatrié le 26 mai 1945.

Sylvain Gargon, Nouméa, le 25 août 1952

Les vidéos pour en savoir plus

Mise en activité sur le document 4

Questions sur le document

1. Quand et comment Sylvain Gargon entre-t-il dans la Résistance ?

2. Les résistants utilisent-ils leurs vrais noms dans la Résistance ? Justifier la réponse et l’expliquer.

3. Lister les 8 actes de Résistance accomplis par Sylvain Gargon entre 1941 et 1943.

4. Quels dangers menacent Sylvain Gargon après son entrée dans la Résistance ?

5. Qu’arrive-t-il à Sylvain Gargon en février 1943 ?

6. Quand et où Sylvain Gargon est-il déporté ?

2.3. Sylvain Gargon durant sa déportation

Objectifs de cette activité

  • Comprendre le fonctionnement d’un camp de concentration ;
  • Expliquer le rôle joué par les déportés dans l’effort de guerre allemand ;
  • Décrire les conditions de vie dans un camp de concentration.

Document 5
Extraits du témoignage de Sylvain Gargon sur sa déportation en Allemagne à partir de 1943

J’ai été dirigé vers le camp de Buchenwald (…) dans des conditions que l’on connaît, à une centaine par wagon, dans ces fameux wagons qui étaient conçus pour recevoir 40 hommes et 8 chevaux. Nous étions cent, encadrés par les SS. Beaucoup sont morts avant d’arriver, étouffés, piétinés pendant le transport. (…)

SIX MOIS SOUS LA TERRE

Buchenwald était un camp de transit et je n’y suis pas resté longtemps, puisque j’ai été dirigé tout de suite vers le fameux camp de Dora, près de Nordhausen. C’est là que les Allemands avaient replié leurs usines de Peenemunde, où étaient fabriqués les V2. (…) C’est là où nous avons travaillé, car on y envoyait des milliers de déportés pour accélérer l’édification de cette usine entièrement construite dans le roc. Toutes les galeries étaient construites dans la montagne. Pendant six mois, nous n’avons pas vu le jour et nous logions dans des anciennes carrières déjà aménagées. (…)

Nous couchions dans le tunnel, sur des châlits, entassés les uns sur les autres. Nous travaillions 18h par jour, de 6h du matin à 6h du soir, puis à nouveau jusqu’à minuit, avec simplement une demi-heure de halte pour manger les rutabagas trempés dans l’eau et un quart de boule de pain, moisi les trois quarts du temps. Les morts s’entassaient dans les galeries sur deux mètres de haut, parce qu’on ne pouvait pas les évacuer par camion brûler au crématoire de Buchenwald. Ce n’est que lorsque les crématoires ont été installés à Dora qu’on les a brûlés sur place. Sur les morts entassés, les Allemands mettaient de la chaux pour désinfecter, pour que ça ne sente pas trop mauvais avant de les évacuer. (…) À la mi-44, le camp extérieur a été terminé. À ce moment-là, on nous a mis dans les baraquements, et la rotation s’est faite entre les équipes du jour et les équipes de nuit, toujours encadrées par les SS et avec leurs chiens. (…)

LA SCHLAG

Pour nous protéger du froid, nous nous servions des enveloppes de sacs de ciment qu’on glissait sous les vêtements, mais les SS le savaient. Il y en avait un, très grand, qui mesurait plus de 2 mètres. Il avait toujours un « schlag » à la main, c’est-à-dire une section de gros câble électrique, et il nous tâtait à la sortie. Quand il sentait le papier sous la chemise, il nous rouait de coups. Il s’acharnait car c’était interdit. Les « kapos » en faisaient autant. On appelait « kapo » ceux qui étaient chargés d’encadrer les sections. Il s’agissait de prisonniers de droit commun allemands, c’est-à-dire des voleurs, des criminels, (…) et ces gens-là avaient droit de vie et de mort sur nous, uniquement parce qu’ils appartenaient à la race aryenne, à la « race des seigneurs ». Lever la main sur un kapo, c’était un arrêt de mort.

Sylvain Gargon, Nouméa, le 7 avril 1979

Témoignage paru dans le quotidien « Les Nouvelles Calédoniennes« 

Document 6
Plan du camp de Dora

Document 7
Carte du système concentrationnaire nazi

reseau-concentrationnaire-nazi

Les vidéos pour en savoir plus

Mise en activité sur les documents 5, 6 et 7

Questions sur les documents

1. Comment et dans quelles conditions les déportés sont-ils acheminés vers les camps de concentration ?

2. Nommer les camps dans lesquels Sylvain Gargon a été déporté. Les localiser et les situer à partir de la carte.

3. Localiser sur le plan du camp de Dora les lieux mentionnés par Sylvain Gargon (baraquements des prisonniers, camp des SS, usine de production des V2).

4. Que font les déportés dans les camps ?

5. Quelles sont les conditions de vie dans les camps d’après Sylvain Gargon ?

6. Quelles sont les conditions de travail dans les camps d’après Sylvain Gargon ?

7. Quel est le sort de beaucoup de déportés dans les camps ? Justifier la réponse.

8. Quels éléments du texte montrent que les déportés sont soumis à des traitements inhumains ?

3. Activité finale : réponse à la question du jour et trace écrite

Objectifs de cette activité

Formuler par écrit ou à l’oral une réponse à la question du jour en synthétisant les informations tirées de l’analyse des documents.

Il est possible de faire travailler les élèves en groupes sur deux sujets différents :

  • Sylvain Gargon résistant ;
  • Sylvain Gargon déporté.

Vie et travail des déportés dans les camps de concentration

Pré-requis pour aborder cette séance

  • Connaître les dates de début et de fin de la Seconde Guerre mondiale ;
  • Connaître les principales phases de la guerre ;
  • Connaître les belligérants (Axe, Alliés) ;
  • Connaître la défaite de la France en 1940 et les engagements du maréchal Pétain et du général de Gaulle face à la défaite ;
  • Connaître l’implication des États-Unis dans la guerre à partir de 1941.

Des activités modulables au choix

Vous sont proposées pour votre séance :

1. Une activité d’entrée dans la séance ;

2. Deux activités modulables au choix :

      2.1. Le système concentrationnaire nazi ;

      2.2. Un récit de déportation.

3. Une activité finale de réponse à la question du jour et trace écrite.

1. Activité d'entrée dans la séance

Vie et travail des déportés dans les camps de concentration

Objectifs de cette activité

  • Formuler la question du jour. Exemples :

Quelles sont les caractéristiques de la vie du déporté ? Comment le déporté vit-il dans les camps ? Qui sont les déportés et que font-ils dans les camps ?

Document 1
Des déportés dans le camp de concentration de Vaihingen, avril 1945 © ECPAD /GERMAINE KANOVA

Mise en activité sur le document 1

Questions sur le document

1. Qui est représenté sur cette photographie ?

2. Décrire l’image (âge des personnages, tenue vestimentaire, apparence physique…)

3. Que peut-on en conclure sur la situation des déportés dans les camps de concentration ?

2. Deux activités modulables au choix

2.1. Le système concentrationnaire nazi

Objectifs de cette activité

  • Comprendre l’organisation d’un camp de concentration ;
  • Décrire et expliquer la vie des déportés dans les camps de concentration.

Document 2
Carte des camps de concentration nazis

reseau-concentrationnaire-nazi

Document 3
Plan du camp de concentration de Buchenwald

Document 4
Scènes de la vie des déportés dans les camps de concentration nazis

Le camp de concentration de
Natzweiler-Struthof, 1945 © ECPAD
Le camp de concentration de
Dachau, 1945 © ECPAD
terre10422r14ret
Le camp de concentration de
Vaihingen, avril 1945 © ECPAD
Le camp de concentration de
Dachau, 1945 © ECPAD

Les vidéos pour en savoir plus

Mise en activité sur les documents 2, 3 et 4

Questions sur les documents

1. Où sont majoritairement situés les camps de concentration ? Localiser le camp de Buchenwald (docs 2 et 3).

2. Par quel moyen les déportés sont-ils acheminés dans les camps ? Justifier la réponse (doc 3).

3. À quoi les nazis utilisent-ils les déportés dans les camps ? Justifier la réponse (docs 3 et 4).

4. Localiser sur le plan de Buchenwald les trois principaux espaces qui composent ce camp (logement des déportés, lieu de travail des déportés, logement des SS).

5. Après avoir observé les images du document 4, attribuer à chacune d’entre elles la phrase qui lui correspond :

  • Les camps de concentration sont des lieux fermés dans lesquels les déportés sont privés de leur liberté ;
  • Les déportés sont logés dans des baraquements ;
  • Les nazis utilisent la force de travail des déportés ;
  • Les déportés ont de mauvaises conditions de vie et sont amaigris par le travail et les privations.

2.2. Un récit de déportation

Objectifs de cette activité

  • Décrire et expliquer les conditions de vie et de travail dans les camps ;
  • Nommer les sévices et brimades subis par les déportés ;
  • Comprendre que les nazis exploitent la force de travail des déportés jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Document 5a
Extraits du récit du résistant Sylvain Gargon sur son expérience de la déportation

TORTURÉ PAR LA GESTAPO

J’ai été arrêté le 6 février 1943 à Nîmes. J’avais 22 ans et je préparais mon doctorat en droit. J’ai d’abord été emprisonnée à Montpellier, où j’ai subi les interrogatoires de la Gestapo à la villa des Rosiers. (…) J’ai également été torturé avant d’être emmené à Compiègne dans le grand camp de rassemblement où l’on plaçait tous les gens avant de les déporter. (…) J’ai été dirigé vers le camp de Buchenwald (…) dans des conditions que l’on connaît, à une centaine par wagon, dans ces fameux wagons qui étaient conçus pour recevoir 40 hommes et 8 chevaux. Nous étions cent, encadrés par les SS. Beaucoup sont morts avant d’arriver, étouffés, piétinés pendant le transport. (…)

SIX MOIS SOUS LA TERRE

Buchenwald était un camp de transit et je n’y suis pas resté longtemps, puisque j’ai été dirigé tout de suite vers le fameux camp de Dora, près de Nordhausen. C’est là que les Allemands avaient replié leurs usines de Peenemunde, où étaient fabriqués les V2. (…) C’est là que nous avons travaillé, car on y envoyait des milliers de déportés pour accélérer l’édification de cette usine entièrement construite dans le roc. Toutes les galeries étaient construites dans la montagne. Pendant six mois, nous n’avons pas vu le jour et nous logions dans des anciennes carrières déjà aménagées. (…)

Nous couchions dans le tunnel, sur des châlits, entassés les uns sur les autres. Nous travaillions 18 heures par jour, de 6h du matin à 6h du soir, puis à nouveau jusqu’à minuit, avec simplement une demi-heure de halte pour manger les rutabagas trempés dans l’eau et un quart de boule de pain, moisi les trois quarts du temps.

Les morts s’entassaient dans les galeries sur deux mètres de haut, parce qu’on ne pouvait pas les évacuer par camion brûler au crématoire de Buchenwald. Ce n’est que lorsque les crématoires ont été installés à Dora qu’on les a brûlés sur place. Sur les morts entassés, les Allemands mettaient de la chaux pour désinfecter, pour que ça ne sente pas trop mauvais avant de les évacuer. (…)

À la mi-44, le camp extérieur a été terminé. À ce moment-là, on nous a mis dans les baraquements, et la rotation s’est faite entre les équipes du jour et les équipes de nuit, toujours encadrées par les SS et avec leurs chiens. (…)

LA SHLAG

Pour nous protéger du froid, nous nous servions des enveloppes de sacs de ciment qu’on glissait sous les vêtements, mais les SS le savaient. Il y en avait un, très grand, qui mesurait plus de 2 mètres. Il avait toujours un « schlag » à la main, c’est-à-dire une section de gros câble électrique, et il nous tâtait à la sortie. Quand il sentait le papier sous la chemise, il nous rouait de coups. Il s’acharnait car c’était interdit. Les « kapos » en faisaient autant. On appelait « kapo » ceux qui étaient chargés d’encadrer les sections. Il s’agissait de prisonniers de droit commun allemands, c’est-à-dire des voleurs, des criminels, (…) et ces gens-là avaient droit de vie et de mort sur nous, uniquement parce qu’ils appartenaient à la race aryenne, à la « race des seigneurs ». Lever la main sur un kapo, c’était un arrêt de mort.

LÂCHEZ LES CHIENS !

Parfois, il y avait aussi des rafles à la sortie de l’usine souterraine. Les Allemands voulaient faire des exemples quand il y avait des sabotages. Vous pensez bien que dans ces V2, il y avait des types qui inversaient les connexions électriques (…). À la fin du montage, quand les Allemands faisaient des essais, cela provoquait des courts-circuits monumentaux. Cela les rendait fous de rage et, à la sortie du tunnel, ils lâchaient les chiens. (…) Il ne fallait pas se laisser prendre : celui qui était pris par les molosses était voué à la mort, parce qu’il était pendu à l’intérieur de l’usine.

PENDUS AU PALAN

Il y avait des pendaisons par dizaines dans le camp. Chaque tentative d’évasion était automatiquement suivie de la pendaison, mais en dehors de cela, un type qui se révoltait était également pendu. (…) À Dora, l’amusement des SS était de pendre les hommes à un grand palan qui servait aux V2. Ils les pendaient par dix, mais en montant le palan tout doucement, c’est-à-dire que les pauvres types étaient étranglés, ils étouffaient, ils battaient des pieds dans le vide, et il fallait que nous défilions tout en regardant le palon qui montait. Mon premier pendu, ça m’a fait un effet effroyable ; à la fin, on n’y faisait même plus attention. C’était d’ailleurs ce qu’ils cherchaient : supprimer même l’émotivité (…).

LA DOUCHE BOUILLANTE

Voilà quelle était la vie dans ces camps, avec des centaines et des milliers de poux. De temps en temps, quand ils craignaient une épidémie, les Allemands nous faisaient prendre des douches dont il fallait se méfier. Ils nous faisaient nous déshabiller en pleine neige, nous étions nus et ils nous faisaient entrer et branchaient de l’eau bouillante. Certains tombaient comme des mouches, foudroyés par la différence entre le séjour dans la neige et l’eau bouillante.

Sylvain Gargon, Nouméa, le 7 avril 1979

Témoignage paru dans le quotidien « Les Nouvelles Calédoniennes« 

Document 5b
Sylvain Gargon, un résistant déporté calédonien

Les vidéos pour en savoir plus

Mise en activité sur les documents 5a et 5b

Questions sur les documents

Selon le niveau de classe, il est possible de faire travailler les élèves par groupes sur des passages différents du témoignage de Sylvain Gargon afin d’en analyser le contenu.

1. Quand, où, par qui et pourquoi Sylvain Gargon a-t-il été arrêté pendant la Seconde Guerre mondiale ?

2. Quel sort subit Sylvain Gargon après son arrestation ?

3. Où et dans quelques conditions Sylvain Gargon a-t-il été déporté ?

4. Compléter le tableau suivant en fonction des informations du texte :

Conditions de vie
Conditions de travail

5. Qui sont les SS et les Kapos, et quelles sont leurs fonctions dans les camps ?

6. Donner deux exemples de résistance des déportés face à leurs mauvaises conditions de vie et de travail.

7. Lister les traitements inhumains dont sont victimes les déportés d’après Sylvain Gargon.

8. Pourquoi beaucoup de déportés meurent-ils dans les camps, et que font les nazis des corps des défunts ?

3. Activité finale : réponse à la question du jour et trace écrite

Objectifs de cette activité

Formuler par écrit ou à l’oral une réponse à la question du jour en synthétisant les informations tirées de l’analyse des documents.

Il est possible de faire travailler les élèves en groupes sur trois sujets différents :

  • Le système concentrationnaire nazi ;
  • Les conditions de vie et de travail des déportés ;
  • Les mauvais traitements infligés par les nazis aux déportés.